Page:Laperche - Noblesse americaine.djvu/14

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Pour l’émigré, comme pour l’émigrant, la lutte fut âpre et douloureuse, et dans cette lutte ils furent puissamment aidés par la femme. Pendant qu’ils conquéraient des territoires, défrichaient la terre, bâtissaient des villes, elle édifiait le foyer domestique.

Affranchie des conventions qui l’avaient annihilée, l’épouse timide devint une compagne vaillante ; héroïque souvent ; la créature sans aveu se purifia par le travail et le dévouement, et dans la société nouvelle la femme se créa une place plus large et plus élevée.

L’homme ne lui marchanda ni la liberté, ni les honneurs, et lui voua un respect, une admiration extraordinaires, un sentiment chevaleresque que les mères ont entretenu et perpétué. C’est, aujourd’hui encore, un des beaux traits du caractère de l’Américain.

Individuellement, les femmes, aux États-Unis. ont peu d’influence ; collectivement, elles sont formidables. Elles s’en rendent compte, car elles se soutiennent d’une manière extraordinaire. Du reste, elles contribuent pour une grande part au progrès de leur pays. Leur œuvre considérable se fait au moyen de toquades, d’engouements subits. La mode gouverne tout. Tantôt, elle dirige la curiosité vers telle ou telle branche de science, la géologie, par exemple et on ne s’intéresse plus qu’à cela. Tantôt, elle éveille la sympathie pour un poète ou un littérateur. Il y a deux ans, c’était Browning qui accaparait toutes les imaginations ; aujourd’hui, c’est notre Balzac ; on le trouve dans toutes les mains. Tantôt la mode