Page:Laperche - Noblesse americaine.djvu/469

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ne fût pas tenté de la faire à son insu… Oh ! oui, elle commençait à le bien connaître.

En apprenant ce qu’Annie avait fait, madame d’Anguilhon ne put s’empêcher de dire : « Oh ! la bonne petite fille ! quelle grandeur dans la simplicité ! »

Le jour suivant, comme il l’avait annoncé, le marquis partit pour Paris. Toute apparence de langueur avait disparu de sa personne. On eût dit qu’on lui avait injecté quelque puissant élixir.

Il descendit à l’hôtel de Gastiglione, et pour ne pas s’exposer à rencontrer quelque personne de sa connaissance, il passa la soirée dans son appartement. Le lendemain de bonne heure, il prit le chemin de la Rosette. Il savait combien ce pèlerinage serait douloureux, mais il lui semblait qu’il devait le faire, puis à la Rosette, il retrouverait quelque chose de Christiane… ses dernières traces ici-bas.

La vue de Toni en grand deuil, de son visage amaigri, sévère jusqu’à la dureté, lui serra le cœur. Soit que la nourrice, qui avait assisté Christiane jour et nuit, eût deviné que le marquis était la cause de sa mort, soit qu’elle fût trop émue pour pouvoir parler, elle ne lui dit rien et, sans un mot, lui ouvrit la villa silencieuse et vide.

Dès les premiers pas qu’il fit, Jacques chancela et dut s’appuyer contre le mur. Le parfum de Christiane, son indéfinissable parfum, flottait encore dans l’air. Il eut l’impression qu’elle était là. Il crut sentir sa présence. C’était horrible et doux. Les souvenirs d’amour et de bonheur, en se réveillant dans cette demeure désolée, produisirent chez le marquis une émotion douloureuse jusqu’à la vo-