Page:Laperche - Noblesse americaine.djvu/470

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lupté. Ah ! elle était bien vide, la cage ! Toutes les portes grandes ouvertes ! Il n’y avait plus de lumière, plus de plantes, rien de vivant, et les meubles, poussés contre le mur, avaient la rigidité des choses qui ont perdu le contact humain.

Le cœur glacé, Jacques entra dans la chambre à coucher de Christiane. Il referma doucement la porte derrière lui, puis il alla s’agenouiller devant le lit et, le front sur cette couche, devenue froide et dure comme un cercueil, il expia les longues caresses, les communions défendues, sa faute… et toutes ses fautes. Sous l’impression du silence et de la mort, un sentiment religieux s’éveilla dans son âme et la purifia, comme une flamme vive. Quand il se releva, il avait sur le visage l’expression sereine et recueillie que laisse la prière. En promenant les yeux autour de lui, il avisa, au-dessus du bénitier, une branche de buis — le buis des pâques dernières. Il la prit et la serra dans son portefeuille.

Quelques moments plus tard, M. d’Anguilhon s’éloignait, emportant un merveilleux bouquet de roses pour la tombe de la duchesse. Il jeta un long regard d’adieu sur cette demeure, où leurs vies s’étaient mêlées pendant quelque temps. Il ne put se défendre d’un sentiment de joie, en pensant qu’elle disparaîtrait et qu’elle ne serait jamais profanée par d’autres amours.

Le marquis arriva vers trois heures à Orléans. Blanzac en était à une demi-heure. Il se fit conduire directement à la vieille chapelle, laissa la voiture sur la route, et prenant un chemin de traverse, il arriva, en quelques minutes, devant un