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Page:Lapicque - Les Nègres d’Asie et la race nègre en général, paru dans les Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, 1906.djvu/13

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En réalité, il n’existe pas dans ces montagnes, ni probablement nulle part dans l’Inde, un témoin de la race primitive comparable, comme pureté, aux Andamanais ni même aux autres Negritos. Ce que l’on trouve là, c’est simplement, mais c’est fort précieux, une population métisse qui continue au-delà du Paria la série générale de l’Inde. Au bord de la forêt vierge ou dans les collines partiellement défrichées, il y a des castes demi-Parias, demi-sauvages. La hiérarchie sociale les classe au-dessous du Paria ; leur nez est plus camus en moyenne que celui du Paria ; on peut même trouver des groupes où le faciès nègre, nettement dessiné, est tout à fait prédominant.

Eh bien, dans ces groupes, les chevelures sont en général frisées, et on en observe quelques-unes qu’on peut même appeler crépues.

On a donc le moyen de prolonger par l’imagination la série des castes indiennes jusqu’au type primitif qui était (nous n’avons plus qu’un pas à faire pour le reconstruire), un petit nègre.

Il faut reconnaître que, par rapport à l’intensité des autres caractères nègres observés chez les Dravidiens les plus noirs, on trouve les chevelures plus lisses qu’elles ne le seraient chez des métis de nègre africain possédant la même proportion de sang noir.

Par exemple, les Abyssins, dont les traits présentent avec ceux des Dravidiens une ressemblance depuis longtemps signalée, ont en général une chevelure remarquablement frisée.

Il serait difficile de considérer comme une objection grave une telle question de plus ou de moins dans des matières où notre méthode et nos connaissances sont encore si peu précises.

Mais le hasard m’a fourni un fait qui a presque la valeur d’une expérience et qui répond directement à l’objection possible.

Aux Andamans, j’ai vu une femme, de la pure race indigène, avec des cheveux extrêmement crépus comme tous ses congénères ; cette femme avait deux enfants d’un père inconnu, probablement Hindou ; ces deux enfants avaient les cheveux soyeux comme ceux des Blancs et des Hindous, à peine ondulés chez l’un, frisés à grandes boucles chez l’autre.

Ainsi un demi-sang de Negrito ne laisse plus apparaître le caractère nègre de la chevelure. Ce caractère chez les Negritos est donc relativement récessif. Et les Negritos sont les nègres géographiquement les plus proches de l’Inde.

Nous sommes arrivés à reconstituer les traits nègres d’un type disparu en prolongeant une série graduée de métis. Par la même méthode nous pouvons déterminer théoriquement la forme du crâne de ce type. Avec une assez grande certitude, je puis affirmer, après de nombreuses mesures systématiques, que le nègre primitif de l’Inde était sous-dolichocéphale avec un indice moyen de 75 ou 76[1].

Sa taille, plus difficile à préciser, car les conditions de vie modifient

  1. Voir au Louvre les monuments raportés par M. Marcel Dieulafoy et notamment la frise des Archers.