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Page:Lapicque - Les Nègres d’Asie et la race nègre en général, paru dans les Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, 1906.djvu/4

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au Nord par les rives méridionales de l’Asie ; à l’Ouest, c’est l’Afrique à l’Est, les archipels océaniens.

L’Afrique et l’Océanie sont les deux domaines nègres classiques, se faisant pendant à droite et à gauche du tableau : l’Afrique, dont les habitants ont révélé le Nègre à notre antiquité ; l’Océanie, dont une division porte ce nom caractéristique, Mélanésie, îles des Noirs.

Une mer large de deux mille lieues sépare ces deux domaines, mais sa rive nord dessine de l’un à l’autre comme une arche de pont. Sur cette rive, parmi des races absolument différentes, nous trouvons des hommes qui ressemblent à des nègres : les Hindous, d’abord, population nombreuse à caractères ambigus ; Hérodote les appelait des Éthiopiens cheveux lisses, tandis qu’Heckel y voit des Méditerranéens à peau noire ; et puis de petites tribus éparses, aux îles Andaman (golfe du Bengale), dans la péninsule de Malacca. Ce sont des sauvages noirs, crépus, camus, et comme ils sont de petite taille on les a appelés Negritos, petits nègrès, du nom donné par les Espagnols aux échantillons trouvés dans les Philippines.

Ailleurs dans le monde, il n’y a point de nègres, il n’y a point de noirs. Ceux d’Amérique ne peuvent être pris ici en considération ; nous savons comment nos ancêtres les ont arrachés à leur sol natal ; ils rentrent donc, pour l’histoire naturelle, dans les nègres africains.

Si nous considérons les origines géographiques, nous ne trouvons par tout le globe terrestre, d’hommes à peau noire qu’autour de l’Océan Indien.

Ainsi les Noirs du sud de l’Asie, jalonnant une communication interrompue des nègres d’Afrique aux nègres d’Océanie, apparaissent non seulement comme une curiosité en eux-mêmes, mais comme un document primordial pour la connaissance de toute une partie de l’humanité. Existe-t-il une race nègre avec des modalités diverses, ou bien des races nègres n’ayant entre elles qu’une ressemblance superficielle ? Les Noirs d’Asie sont la clef du problème. Il faut voir, en les confrontant aux Nègres d’Orient et d’Occident, s’ils peuvent se ramener avec ceux-ci à un type commun, établissant du même coup l’unité d’habitat, c’est-à-dire toutes les conditions d’une race, ou si l’on veut d’une espèce, déterminée.

Nègres africains ; races mixtes en bordure. — Toute la partie médiane de l’Afrique est le pays nègre par excellence, l’origine du prototype de la notion. Il n’y a donc qu’à en regarder quelques spécimens.

Mais deux dépendances de cette région vont nous offrir l’occasion de remarques générales qu’il est utile de présenter tout de suite.

Madagascar, à bien des points de vue, est distincte de l’Afrique dont elle est voisine : sa flore et sa faune lui donnent un caractère particulier ; mais son anthropologie, encore insuffisamment étudiée, la rattache surtout à l’Afrique. La généralité des Malgaches présentent un aspect, négroïde très marqué. D’autre part, on le sait, des éléments ethniques tout différents lui sont venus de la Malaisie, bien loin, de l’autre côté de l’Océan Indien.