Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 13.djvu/104

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confondre avec une parabole. Il est clair que ce rapport dépend de la loi de possibilité des distances périhélies des comètes observables, et l’examen du tableau des éléments des orbes cométaires déjà calculés nous montre que, au delà d’une distance périhélie égale au rayon de l’orbe terrestre, les possibilités des distances périhélies diminuent avec une grande rapidité à mesure que ces distances augmentent. La loi de ces possibilités doit donc être assujettie à cette condition ; mais étant, à cela près, inconnue, nous ne pouvons que déterminer la limite du rapport dont il s’agit, ou sa valeur dans le cas le plus favorable aux hyperboles sensibles. Si l’on suppose le rayon de la sphère d’activité du Soleil égal à cent mille fois sa distance à la Terre, ce qui paraît être encore au-dessous de ce qu’indique la petitesse de la parallaxe des étoiles, l’analyse donne, dans le cas le plus favorable, pour la probabilité qu’une nébuleuse qui pénètre dans la sphère d’activité solaire, de manière à pouvoir être observée, décrira une hyperbole dont le grand axe égalera au moins cent fois la distance du Soleil à la Terre. Une pareille hyperbole se confondra sensiblement avec une parabole ; il y a ainsi, dans le cas le plus favorable aux hyperboles sensibles, à fort peu près cinquante-six à parier contre l’unité que, sur cent comètes, aucune ne doit avoir un mouvement sensiblement hyperbolique ; il n’est donc pas surprenant que, jusqu’ici, l’on n’ait point observé de mouvement semblable.

L’attraction des planètes, et peut-être encore la résistance des milieux éthérés, a dû changer plusieurs orbes cométaires, dans des ellipses dont le grand axe est beaucoup moindre que le rayon de la sphère d’activité du Soleil. On peut croire que ce changement a eu lieu pour l’orbe de la comète de 1682, dont le grand axe ne surpasse que trente-cinq fois la distance du Soleil à la Terre. Un changement plus grand encore est arrivé à l’orbe de la comète de 1770, dont le grand axe n’égale que six fois environ cette distance.

Une comète perd, à chaque retour à son périhélie, une partie de sa substance, que la chaleur et la lumière du Soleil élèvent en vapeurs et dispersent dans l’espace, à une distance de la comète telle que son