Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 13.djvu/197

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tique des surfaces de la mer et du sphéroïde terrestre, on peut eu choisir une qui représente l’élévation et les contours des continents et des îles. Ainsi je trouve qu’un petit terme du troisième ordre, ajouté à la partie elliptique du rayon terrestre, suffit pour rendre, conformément à ce que l’observation semble indiquer, la mer plus profonde vers le pôle austral que vers le polo boréal, et même pour laisser ce dernier pôle à découvert. Mais la figure du sphéroïde terrestre est beaucoup plus compliquée. Cependant, au milieu des inégalités qu’elle présente, on reconnaît, par les expériences du pendule, que sa surface et celle de la mer sont à fort peu prés olliptiques. Le rayon de la surface de la mer, diminué du rayon du sphéroïde, est l’expression de la profondeur de la mer ; cette expression, lorsqu’elle devient négative, représente l’élévation des continents, d’où il suit que la profondeur de la mer est peu considérable et du même ordre que les hauteurs des continents au-dessus de son niveau.

La petitesse de cette profondeur, sur laquelle les observations du pendule que l’on fait maintenant dans les deux hémisphères répandront un nouveau jour, est un résultat important pour la Géologie. Elle explique, sans l’intervention de grandes catastrophes, comment la mer a pu recouvrir et abandonner le même sol à plusieurs reprises. On conçoit en effet que, si par des causes quelconques, telles que les éruptions des volcans sous-marins, le fond de la mer s’affaisse dans une vaste étendue, ses eaux, en remplissant les cavités formées par cet affaissement, découvriront un espace d’autant plus considérable que la mer est moins profonde. Si, dans la suite des temps, des causes semblables et les matières que les courants apportent élèvent une partie de ce fond, la mer viendra recouvrir l’espace qu’elle avait abandonné.

Je viens de considérer l’Océan comme un tout dont les diverses parties communiquent entre elles, ce qui a lieu pour la Terre, car les petites mers isolées, telles que la mer Caspienne, ne sont à proprement parler que de grands lacs. Mais on peut supposer au sphéroïde terrestre une figure telle que l’Océan ne puisse y être on équi-