Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/16

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usage pour avoir les masses des satellites, et, comme elle n’est due qu’à l’action du second, elle détermine la valeur de sa masse avec beaucoup d’exactitude.

Les éclipses du premier satellite ont fait découvrir la vitesse de la lumière, que, depuis, le phénomène de l’aberration a mieux fait connaître. Dans l’état actuel de la théorie de ce satellite, et ses observations étant devenues très-nombreuses, il m’a paru qu’elles pouvaient déterminer ce phénomène avec plus de précision encore que l’observation directe. Delambre a bien voulu entreprendre cette discussion, à ma prière, et il a trouvé 62",5 pour l’aberration entière, valeur exactement la même que Bradley avait conclue d’un grand nombre d’observations très-délicates sur les étoiles. Il est satisfaisant de voir un accord aussi parfait entre des résultats tirés de méthodes si différentes. On peut facilement en conclure que la vitesse de la lumière, dans tout l’espace compris par l’orbe terrestre, est la même que sur la circonférence de cet orbe, conséquence que l’on doit étendre à tout l’espace compris par l’orbe de Jupiter ; car, à raison de son excentricité, la variation des rayons vecteurs de cette planète est très sensible sur la durée des éclipses des satellites, et la discussion de ces éclipses prouve que son effet est exactement le même que dans l’hypothèse du mouvement uniforme de la lumière.

L’orbe du second satellite se meut sur un plan fixe, qui passe constamment entre l’équateur et l’orbite de Jupiter, par leur intersection mutuelle, et dont l’inclinaison à cet équateur est de 201". L’orbe du satellite est incliné de 5152" à son plan fixe, et ses nœuds ont sur ce plan un mouvement tropique rétrograde dont la période est de 29ans,9142 ; elle est une des données qui m’ont servi à déterminer les masses. L’observation n’a point fait connaître d’excentricité propre à l’orbe de ce satellite ; mais il participe un peu des excentricités des orbes du troisième et du quatrième. Ses deux inégalités principales dépendent des actions du premier et du troisième. Le rapport qu’ont entre elles les longitudes des trois premiers satellites réunit ces inégalités en une seule, dont la période dans le retour des éclipses est de 427j,659 et