Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/19

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teur de Jupiter varient sans cesse, proportionnellement à l’inclinaison de l’orbite sur l’équateur de la planète.

La théorie des satellites étant fondée sur les observations de leurs éclipses, il importe d’avoir l’expression de leur durée, en ayant égard à tout ce qui peut y influer, et principalement à l’ellipticité du sphéroïde de Jupiter. Je parviens à cette expression en considérant généralement la figure de l’ombre que projette un corps opaque éclairé par un corps lumineux. On pourrait en conclure les durées des éclipses des satellites si ces astres s’éclipsaient au moment où leurs centres commencent à pénétrer dans l’ombre de la planète. Mais leurs disques, quoique inappréciables par eux-mêmes, le deviennent par le temps qu’ils mettent à disparaître dans les éclipses ; leur grandeur jusqu’ici peu connue, leurs clartés différentes, les effets de la pénombre, et probablement encore ceux de la réfraction de la lumière du Soleil dans l’atmosphère de Jupiter, toutes ces causes, qu’il est presque impossible d’évaluer, nous obligent de recourir aux observations pour déterminer les durées moyennes des éclipses des satellites de Jupiter dans les nœuds ou lorsque leur latitude au-dessus de l’orbite de la planète est nulle. Ces durées observées sont 9 426'' pour le premier satellite, 11 951'' pour le second, 14 838'' pour le troisième, enfin 19 780'' pour le quatrième.

Les observations de l’entrée et de la sortie des satellites et de leurs ombres sur le disque de Jupiter répandraient beaucoup de lumière sur la grandeur de leurs disques et sur plusieurs autres éléments de la théorie des satellites. Ce genre d’observations, trop négligé par les astronomes, me paraît devoir fixer leur attention ; car il semble que les contacts intérieurs des ombres doivent déterminer l’instant de la conjonction avec plus d’exactitude encore que les éclipses. La théorie des satellites est maintenant assez avancée pour que ce qui lui manque ne puisse être déterminé que par des observations très-précises ; il devient donc nécessaire d’essayer de nouveaux moyens d’observation, ou du moins de s’assurer que ceux dont on fait usage méritent la préférence.

L’extrême difficulté des observations des satellites de Saturne rend