Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/20

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leur théorie si imparfaite, que l’on connaît à peine avec quelque précision leurs révolutions et leurs distances moyennes à cette planète ; il est donc inutile jusqu’à présent de considérer leurs perturbations. Mais la position de leurs orbes présente un phénomène digne de l’attention des géomètres et des astronomes. Les orbes des six premiers satellites paraissent être dans le plan de l’anneau, tandis que l’orbe du septième s’en écarte sensiblement. Il est naturel de penser que cela dépend de l’action de Saturne, qui, par son ellipticité, retient les six premiers orbes dans le plan de son équateur, comme il maintient dans ce même plan l’anneau dont la planète est entourée. L’action du Soleil tend à les en écarter ; mais, cet écart croissant très-rapidement et à peu près comme la cinquième puissance du rayon de l’orbe, il ne devient sensible que pour le dernier satellite. Les orbes des satellites de Saturne se meuvent, comme ceux de la Lune et des satellites de Jupiter, sur des plans fixes qui passent constamment entre l’équateur et l’orbite de la planète par leur intersection mutuelle, et qui sont d’autant plus inclinés à cet équateur que les satellites sont plus éloignés de Saturne. Cette inclinaison est considérable relativement au dernier satellite. Son orbe est incliné lui-même au plan fixe qui lui correspond, et ses nœuds ont sur ce plan un mouvement rétrograde dont j’essaye de déterminer la valeur en partant des observations déjà faites sur cet objet ; mais, ces observations étant fort incertaines, les résultats que je présente ne peuvent être qu’une approximation très-imparfaite.

Nous sommes moins instruits encore à l’égard des satellites d’Uranus. Il paraît seulement, d’après les observations d’Herschel, qu’ils se meuvent tous sur un même plan presque perpendiculaire à celui de l’orbite de la planète, ce qui indique évidemment une position semblable dans le plan de son équateur. Je fais voir que l’aplatissement de la planète, combiné avec l’action des satellites, peut maintenir à très-peu près dans ce plan leurs orbes divers. Voilà tout ce que l’on peut dire sur ces astres, qui, par leur petitesse et leur éloignement, se refuseront toujours à des recherches plus étendues.