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MÉCANIQUE CÉLESTE.

Hipparque perfectionna la période chaldéenne, en la comparant à un grand nombre d’éclipses. Il fixa l’inclinaison de rorJ)ite de la Lune et son équation du centre à degrés dans ces phénomènes. Mais il remarqua que cette équation ne représentait point dans les quadratures ses observations, qui offraient alors de grandes anomalies. Ptolémée, suivant avec soin ces anomalies, fut conduit à la découverte de l’inégalité lunaire que l’on nomme évection, dont il détermina la valeur avec beaucoup d’exactitude.

Les astronomes n’ajoutèrent rien à la théorie de la Lune de Ptolémée jusqu’à Tycho Brahe, qui, en comparant cette théorie avec ses observations de la Lune dans les octants, reconnut l’inégalité de la variation, dont le maximum correspond à ces points. L’exactitude de ces observations lui fit encore reconnaître que l’équation du temps propre au Soleil n’était point applicable sans correction à la Lune, et qu’il fallait, pour ce dernier astre, la corriger d’une quantité dépendante de l’anomalie du Soleil. Les astronomes ont ensuite appliqué cette correction au mouvement de la Lune, en donnant à cet astre la même équation du temps qu’à tous les autres, ce qui ajoute à son mouvement l’inégalité connue sous le nom d’équation annuelle. On supposait, avant Tycho Brahe, l’inclinaison de l’orbite lunaire constante et le mouvement de ses nœuds uniforme. Ce grand astronome dut encore à la bonté de ses observations la connaissance des deux inégalités principales de ces éléments, d’où résulte la principale inégalité de la Lune en latitude.

Tel était l’état de la théorie de la Lune lorsque Newton entreprit d’appliquer à cette théorie le principe de la pesanteur universelle. Il publia ses recherches sur cet objet dans le troisième Livre des Principes mathématiques de la Philosophie naturelle, et je n’hésite point à les regarder comme une des parties les plus profondes de cet admirable Ouvrage [1]. Newton n’a point rattaché à son principe la plus grande

  1. On voit, dans la correspondance de Newton avec Halley, que Newton, fatigué de ses querelles avec Hooke, voulait supprimer ce troisième Livre ; mais, heureusement pour les progrès de l’Astronomie, cédant aux instances de Halley, il consentit à le publier.