Page:Lapointe - Une voix d’en bas - Échos de la rue, 1886.djvu/140

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Rôdent dans les charniers, en traînant sous leur ventre
Quelques lambeaux du bœuf que l’assommeur éventre ;
Tandis que le boucher, de son couteau fatal,.
Dépèce habilement les viandes dans l’étal.

Parfois, quand le matin rayonne
Dans le champ et sur le buisson,.
Quittant l’atelier monotone,
Ou s’échappant de la maison,
Le travailleur, d’un pas agile,
Laisse pour un jour son enfer,
Et court respirer un peu l’air
Jusques aux portes de la ville.

Ici le zéphyr est malsain :
C’est quand il a mouillé ses ailes
Dans les fanges de cent ruelles
Qu’il se plonge dans notre sein.
Ici rien n’est tendre pour l’âme.
Rien ne sourit, tout est impur,
Et sous l’ombre de chaque mur
L’œil attristé rencontre un drame.

C’est le mendiant sans foyer.
C’est la vache que l’on assomme.
C’est la maigre bête de somme
Qui broute le poudreux hallier.
Puis des brebis aux crocs pendues.
Puis des écorcheurs de chevaux,
Associant à leurs travaux
Des vieilles qui vont jambes nues !

Ainsi l’on ne fait rien pour nous !
Point de parcs, de routes sablées,