Page:Lapointe - Une voix d’en bas - Échos de la rue, 1886.djvu/141

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Ni de verdoyantes allées ;
Ni d’ombrages penchés sur tous.
Rien qui rappelle ces clairières,
Ces lacs moirés, ces bassins frais,
Où le matin ne luit jamais
Sans y jeter fleurs et lumières.




L’APRÈS-MIDI

II

Un soleil éclatant sur les murs de Paris
Répand du haut des cieux son magique souris.
Vidant les ateliers, en habits du dimanche,
La population comme un fleuve s’épanche.

Culottes de velours, casquette, gros souliers,
Veste ronde, voilà nos braves charpentiers.
Un peu roides de Corps, mobiles de visage,
L’œil d’aplomb, la voix rude et le style sauvage.
Au Petit Ramponneau, pour prendre leur repas,
Une main dans la poche, ils redoublent le pas,
Humant avec bonheur le très cher brûle-gueule...
Leurs femmes, disons-le, n’ont pas l’esprit bégueule :
Jupe courte, bas blancs, tablier fin, croix d’or,
Accortes, se riant du chétif mirliflor,
Bien loin de gourmander le bon garçon qui fume,
A l’odeur du tabac leur amour se parfume.

Ouvriers charpentiers, j’aime votre fierté ;
Votre cœur poétique, épris de liberté.