Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/104

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« Par exemple, dit Claude Bernard, l’astronomie est une science purement d’observation, parce qu’on ne conçoit pas un astronome agissant sur les astres. » Zola a cité inconsciemment tout ce passage de Claude Bernard, et savez-vous quelle est la conclusion qu’il en tire ? La voici dans toute sa beauté : « Eh bien, en revenant au roman, le romancier est fait d’un observateur et d’un expérimentateur… L’expérimentateur paraît et institue l’expérience, je veux dire fait mouvoir les personnages dans une histoire particulière… Il est indéniable que le roman naturaliste est une expérience véritable que le romancier fait sur l’homme en s’aidant de l’observation… Un fait observé devra faire jaillir l’idée de l’expérience à instituer, du roman à écrire… Faire mouvoir des personnages dans une histoire particulière ; écrire un roman naturaliste, etc…, c’est instituer une expérience ! » Voyons, franchement, est-ce assez trouvé ? Voyez-vous Claude Bernard au tablier sanglant, un scalpel à la main, penché sur les entrailles d’un animal convulsé, Claude Bernard, pensif, interrogeant la vie, comparé à Zola, écrivant : « Coupeau avait rendu tripes et boyaux, il y en avait plein la chambre, le lit en était emplâtré, le tapis également, et jusqu’à la commode qui se trouvait éclaboussée. Avec ça, Coupeau, tombé du lit où Poisson l’avait jeté, ronflait là dedans au milieu de son