Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/121

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est, avec une minutie voisine de la manie ; ils le reproduisent dans son objectivité, avec toute l’exactitude et toute la sagacité de l’observateur, l’analysant avec une parfaite indifférence, comme s’ils analysaient une pièce anatomique ; ils se servent de mots canailles et de couleurs crues pour piquer plus vivement l’attention et provoquer un intérêt de curiosité. La putréfaction sociale passe, sans les surprendre, sous leur nez et sous leurs yeux ; ils n’ont qu’un souci : rendre cette pourriture dans sa nudité et sa crudité, non pas avec l’horreur indignée du moraliste, mais avec la complaisance du matérialiste qui se délecte dans l’orgie du vice. Cette corruption peinte sans voile et sans pudeur épouvante notre imagination, indigne notre respect de la dignité humaine et irrite notre sens moral, mais elle plaît à Zola qui lui réserve ses peintures les plus nues et les plus crues. Il ne craint pas de soutenir que ses tableaux, sales et provoquants, restent hautement moraux ; que plus le tableau est bestialement laid, plus se révolte et réagit la conscience de l’homme ; cela revient un peu à dire qu’on ne sera chaste que lorsqu’on aura épuisé toutes les impudeurs ; sobre, que lorsqu’on aura abusé de toutes les ivresses, et moral que lorsqu’il ne restera plus d’immoralité à commettre. « Nous mourrons, dites-vous (Documents littéraires, p. 370), de fausse vertu et de fausse pudeur, et non d’obscénité…