Aller au contenu

Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans l’évolution scientifique qui révolutionne notre siècle, l’obscénité est dans le mouvement général des esprits comme une puce gaillarde qui gambade dans la machine d’un train. Le machiniste s’affole-t-il et croit-il le train brisé pour cela ? Nous mourrons de tartuferie. » Comparer l’obscénité à une puce et surtout à une puce gaillarde qui gambade dans la machine d’un train, c’est avoir la prétention de résoudre une question fondamentale de haute moralité sociale par une comparaison ridicule et fausse. Si l’obscénité n’est, par rapport à la morale, qu’une puce gaillarde, je crains bien que Zola ne soit, par rapport à la littérature, qu’un puceron orgueilleux.

Il écrit encore (Documents littéraires) : « Travailler dans la vérité n’est pas travailler dans l’ordure (p. 408). Tout mensonge, eût-il une apparence de grandeur, apporte le mal avec lui, mais toute vérité fût-elle ignoble, fût-elle le mal même, apporte un enseignement, une morale avec elle » (p. 409). Le vidangeur travaille dans la… vérité, est-ce propre ? Le chirurgien dans un chancre, n’est-ce pas une ordure ? De Sade, idéaliste, vautre l’homme sous l’étreinte épouvantée et voluptueuse de passions monstrueuses, il est immoral ; — Zola, naturaliste, dissèque, analyse longuement la Bête humaine, pantelante de vices, crevée de pourriture, il est moral. De qui se moque Zola ? de ses lecteurs ou de lui-même ?