Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/143

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et celles de ses semblables. C’est la raison pratique qui a dans son domaine les vérités morales qui sont aussi des vérités spéculatives. La conscience morale, ou raison pratique, est partout et toujours identique et infaillible, l’exception est erreur ou vice. « C’est, dit Malebranche, le verbe éternel qui parle à toutes les nations le même langage. » L’idée du bien, ou distinction du bien et du mal, est la base de la morale. La morale a pour objet de déterminer la loi de la volonté et la règle des actions humaines ; elle se divise en morale générale, qui est la science du devoir, et en particulière, qui est la science des devoirs ; elle a trois caractères : l’universalité, l’autorité et l’obligation. La morale générale a pour objet de déterminer la nature et l’origine de l’idée du devoir ; l’émotion produite en nous par un sentiment irrésistible d’approbation ou de désapprobation, selon qu’une action nous apparaît utile ou nuisible, constitue le phénomène moral ; c’est la manifestation spontanée de la conscience qui approuve ou blâme un acte qui lui semble moralement bon ou mauvais.

Le matérialiste, ou pour dire toute ma pensée, le naturaliste, s’appuie, pour expliquer l’homme mécanique et imposer aux phénomènes cérébraux et aux phénomènes vitaux les mêmes lois, sur cette maxime sensualiste : l’homme ne peut rien connaître