Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/144

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que par les sens. La matière serait à elle-même le commencement et la fin de tout ; limitée par la vie et la mort, deux inconnues à chaque bout de l’existence, elle tournerait invariablement dans ce cercle vicieux, ignorant autant son origine que sa fin.

Le naturalisme, en raison de l’ignorance qu’il semble avoir de ces vérités absolues et de l’abus qu’il fait pourtant de leur langage pour inspirer confiance dans sa prétendue science, m’a forcé à allonger mon étude de ces explications un peu arides : le chemin qui paraît le plus long, en littérature, est souvent le plus court. Comment, en effet, prouver à un public étranger aux questions philosophiques et scientifiques, qu’on le trompe et qu’on lui sert, comme vérité ce qui n’est que mensonge, et comme morale ce qui n’est qu’immoralité, sinon en lui mettant sous les yeux les vraies définitions et on lui faisant toucher du doigt la fausse et indigne adaptation que les naturalistes en font au roman dit expérimental, dit scientifique ? Cette science du roman moderne, ou plutôt cette méthode pathologique, basée sur de prétendus faits d’expérimentation ou d’observation, classerait synthétiquement, sous des lois identiques, tous les cas physiologiques et psychologiques. L’animal, ne présentant à la méthode expérimentale et à la constatation des résultats, que des faits, est un positiviste, mais l’homme qui pense