Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/158

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donnent à tout ce bagage romanesque un air tellement imposant et respectable de science honnête et convaincue, qu’on ne peut croire à un charlatanisme si effronté et à une mystification si grotesque.

Jules Lemaître a écrit quelque part : « J’ai beau m’en défendre, ces brutalités mêmes m’imposent, je ne sais comment, par leur nombre, et ces ordures par leur masse ». Elles étonnent, c’est possible, il y en a assez pour cela, mais elles ne peuvent imposer, ce mot emportant avec lui une certaine idée d’admiration respectueuse qui ne peut s’accorder avec le mépris et la répugnance qu’inspirent ces choses. Son œuvre est une orgie malpropre où l’on ne voit que difformités physiques, curiosités physiologiques et pourritures morales, et des scènes triviales, inspirées par des instincts de luxure bestiale et de ripaille alcoolique qui semblent être l’obsession hystérique de la chair et la loi fatale de la vie. Un écrivain qui dépense aussi lucrativement un grand talent pour exciter ainsi, constamment, bassement, immoralement, les fibres honteuses de l’humanité, devrait être mis… hors la saine littérature, la littérature honnête. Sa place devrait être, non pas à la tête d’une société qui représente l’honneur, la dignité et les droits des lettres, mais à la queue. La salubrité… légale, pour épargner à quelques libertins une contagion dont ils pourraient facilement faire l’écono-