Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/173

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Chasser l’idéal de la société, c’est la condamner aux utopies les moins sociales et ouvrir la porte à tous les attentats.

La situation exceptionnelle qui résulte de l’application du naturalisme à l’ordre social modifie presque la certitude de cette vérité philosophique : la causalité est une loi de la pensée qui ne peut être inférieure à son effet, ce qui équivaut à dire qu’il ne peut pas y avoir dans l’effet plus que dans la cause : le moins n’est pas cause du plus ; les effets produits par le naturalisme social, l’anarchisme, par exemple, sont tellement effrayants, qu’on se demande si l’effet ne dépasse pas la cause. En tout cas, la logique du fait, dans ce réel social, est tellement impitoyable dans ses conséquences politiques, qu’elle suffit pour condamner les naturalistes.

Dans l’ordre religieux, son action immédiate étant la négation de l’absolu qui est Dieu, il est certain que toute solution dépendant de cette vérité fondamentale, il n’y a plus de religion possible, c’est la table rase de toute théodicée et de toute théologie.

Dans l’ordre littéraire, l’action du naturalisme opère sur lui-même ; ce n’est plus Saturne dévorant ses fils, c’est le fou enragé s’arrachant les entrailles pour s’en repaître. Qu’est-ce, en effet, qu’une littérature qui, renonçant à toute dignité et à tout respect, se donne en spectacle et en pâture à toutes