Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/201

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complication : sûr de lui, il ne vérifie pas assez ses hypothèses, à mon gré.

Il avoue, du reste, que dans ses romans il n’appliquera jamais radicalement ses théories. Il est né et a grandi en plein romantisme. Jusqu’à sa vingt-cinquième année il s’est nourri des poètes de 1830, et leurs virtuosités lyriques l’ont tellement imprégné que si, pour obéir à sa raison, il se contraint, comme dans Pot-Bouille, à un style sobre et sévère, il est mécontent de lui-même et revient vite à la phrase panachée de Chateaubriand et de Flaubert.

Il ne sacrifiera pas à la réalité ses équilibres savants. Il calcule tous ses effets, ses épisodes gravitent régulièrement autour du personnage principal ; ses romans sont des systèmes planétaires. Il est un constructeur, il aime à bâtir des édifices cyclopéens, des halles ou de grands bazars ; voilà sa force et son originalité. Certes, il travaille dans la vie, mais la vie de ses livres est de la vie arrangée par un artiste ; de là des excès de concentration, un symbolisme trop accusé. Nana, par exemple, tourne au type ; ce n’est plus telle courtisane : c’est la courtisane. Il est rare que dans un roman de M. Zola il n’y ait pas à côté des personnages observés un ou deux personnages de fantaisie. Dans l’Assommoir même, plusieurs épisodes sont d’imagination pure. La scène où Gervaise va supplier Bazouge de l’emporter est pathé-