Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tique, shakspearienne, mais point vécue, et ne supporte pas l’examen. M. Zola n’a conservé ces pages que par un reste de romantisme. »

Si j’ai consacré d’aussi longues citations à la méthode de travail de Zola, c’est que, en certaines matières, le travail vaut mieux que la matière employée, ainsi la toile pour le peintre, le marbre pour le sculpteur, le papier pour l’écrivain, etc. : le génie, nouveau Dieu, crée presque la matière en lui soufflant son âme immortelle, et le talent, artiste merveilleux, la façonne et l’embellit, en la parant de toutes les beautés de l’art. Que ressort-il de cette méthode de travail, le génie ou le talent de Zola ? Le génie ? non, car le génie est comme l’a dit, du beau, Platon, la splendeur du vrai ; or, le naturalisme n’étant que le procès-verbal complaisant d’une certaine réalité et que le portrait défiguré d’une certaine nature, il y a mensonge, donc absence de génie. Le naturalisme n’est qu’une demi-vérité, une vérité relative, reflétée par un tempérament, comme un coin de paysage par un miroir ; et de même que la reproduction fidèle du paysage dépend de la pureté du tain, de même cette moitié de vérité dépend de l’honnêteté intellectuelle du naturaliste. Cette manière lente et incertaine de ramasser longuement et minutieusement les matériaux les plus disparates, de les étiqueter et de les classer avant même d’en préju-