Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/218

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attirer l’attention : l’éreintement littéraire fait partie essentielle de son boniment. Il a fait de sa plume une carabine, comme l’Italien, d’abord pour vivre, et, après, un couteau comme le toréador, pour enlever son public et corser la recette. Le critique qui écrit pour sa caisse ou pour sa statue est un ennemi impitoyable et féroce ; vous êtes son pain, son argent et sa gloire ; il ne peut vous épargner sans se sacrifier ; comptez sur toute sa haine, mais jamais sur sa justice et son impartialité.

Zola salonnier n’a loué qu’un peintre, Ed. Manet, et, s’il l’a fait, c’est bien plus pour s’en servir, comme l’arme de Samson, pour tuer, non, pour blesser tous les autres, que par admiration de son talent. Se connaît-il en peinture ou n’importe quel art ? J’en doute, et pour deux motifs ; le premier, quand dans le choix de ses personnages, dans le milieu où ils vivent et dans les passions et les vices qu’ils montrent ; et le second, quand dans les objets de luxe dont on s’entoure, dans son at home, on manifeste, d’une part, autant de trivialité grossière, et, d’autre part, un goût aussi disparate et excentrique, il est impossible qu’on ait le sens artistique assez fin, assez éclairé, suffisamment formé, pour être un juge, même passable, dans les arts. Donc, salonnier de mot, mais non de goût, ni de fait.

M’est-il possible de parler sérieusement