Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/237

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francs. Comme amusement de statistique, en calculant que, pour la Débâcle, dont les volumes ont 27 millimètres d’épaisseur, on superpose à plat les 120 000 exemplaires, on arrivera à une colonne de 3 240 mètres de hauteur, soit onze fois celle de la tour Eiffel ; et si, en dépliant les feuilles, on les place bout à bout, on couvre un chemin de 1 512 kilomètres, c’est-à-dire une fois et demie la distance entre Paris et Berlin. Remarquez que dans cette quantité énorme de papier qui couvrirait presque l’Europe de ses feuilles maculées, ce sont les romans passionnels, les plus immoraux par conséquent, qui tiennent le record des tirages : Assommoir, 127 ; Nana, 166 ; Germinal, 88 ; la Terre, 100 ; la Bête humaine, 88 ; la Débâcle, 120, etc. Qu’en conclure, sinon que le naturalisme n’obtient un plein succès que lorsqu’il verse manifestement dans l’immoralité, or, qui dit immoralité dit corruption, c’est-à-dire certitude de mort.

« Il faut mourir, dites-vous, dans l’Œuvre, pour avoir raison ». Est-ce certain cela, et pour une fois qu’on a raison, combien de fois n’a-t-on pas tort ? Ne peut-on pas vous répondre, d’après ce proverbe : on ne doit aux morts que la vérité, ce que dit Jean Macquart, le plus propre de vos personnages de la Terre, à Jésus-Christ, un des moins sales : « Ce n’est pas à dire, tout ça, et si vous avez raison par hasard, vous n’êtes