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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/239

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n’avez pas boudé contre le succès, mais vous avez donné à vos lecteurs la friandise de leur goût. « Spéculation ignoble, école de perversion, disent les confrères indignés. Mon Dieu ! je voudrais bien voir un auteur qui refuse à ses clients ce que ceux-ci lui demandent. Par ces temps d’aplatissement aux pieds du public, la littérature n’est-elle pas une immense flagornerie à l’adresse des lecteurs ? En politique, en littérature, en art, où est donc la feuille qui se plante au milieu de la route et qui résiste au grand courant de la sottise et de l’ordure humaines ? Puisque toutes les folies, puisque tous les appétits ont des organes, pourquoi donc la polissonnerie n’aurait-elle pas le sien ? On croirait vraiment que la morale ne réside que dans notre pudendum… On m’accuse carrément de faire mal tourner le siècle ; pourquoi ne dit-on pas aussi que j’ai inventé le vice ? Les écrivains de race qui ne se demandent pas une seconde si les femmes rougiront ou non, n’écrivent que pour une classe, ils ont l’ambition d’écrire pour les siècles. Les convenances, les sentiments produits par l’éducation, le salut des petites filles et des femmes chancelantes, les règlements de police et la morale patentée des bons esprits, disparaissent et ne comptent plus. Ils vont à la vérité, au chef-d’œuvre malgré tout, par-dessus tout, sans s’inquiéter du scandale de leurs audaces. Les sots qui les accusent de calcul