Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/242

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piston mécanique de la machine humaine ; le cerveau une machine à fusion et à effusion cogitative ; le père, un germe ; la mère une matrice à œufs, une couveuse ; la larme, cette perle humaine, ce dernier diamant fait de toutes les joies et de toutes les douleurs, cette première et dernière vibration humide de la vie, dans l’enfant et dans l’homme, n’est même plus une larme, elle est un composé chimique qu’analyse scientifiquement l’instrument du naturalisme. Ah ! non, il ne vous restera pas d’avoir pleuré, mais il vous restera d’avoir fait pleurer. Aussi, qu’il soit maudit dans ses succès, dans ses férocités de luxe, dans son orgueil, dans son égoïsme brutal, ce malfaiteur littéraire qui a déséquilibré plus de cerveaux, névrosé de consciences, sali de pudeurs, brisé de liens sociaux et inspiré de crimes et de vices que ne feront jamais de victimes et de cadavres les armes perfectionnées les plus meurtrières ! Le naturalisme est, en littérature, ce qu’est en chimie la dynamite ; l’instrument naturaliste est même plus dangereux que l’engin anarchiste ; ils tuent tous deux, c’est vrai, et terriblement, mais la seconde, toute meurtrière qu’elle est, fait moins de victimes que le premier.

Pour conclure, et il le faut bien, quand encore il me reste tant à dire, je supplie Zola d’avoir pitié de son étrange talent, de ses facultés littéraires peu communes ; qu’il