Aller au contenu

Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 309 —

par sa neutralité ou son indiflerence ; et alors de quel droit punit-elle celui qu’elle devait protéger contre de pareils systèmes qui poussent au crime ? Et, pourtant, l’étudiant en médecine Émile Rougon, élevé par une mère affectueuse dans les souvenirs de science de son père, le docteur Pascal, était mieux à même, malgré les funestes influences ancestrales de sa famille, de réagir contre les tendances naturalistes de son éducation, ou tout au moins de comprendre qu’un amour dédaigné ou refusé ne donne pas le droit de tuer. La logique de la loi n’est pas celle de la passion : vous avez tué, vous devez être tué. Mais le meurtrier est jeune, vous dira-t-on ; loin d’être une excuse du crime, la jeunesse en est une aggravation. Si on est criminel à vingt ans, on le sera bien plus à quarante. On ne guérit pas du naturalisme, en vieillissant ; on en meurt quelquefois peut-être, mais on en tue plus souvent les autres. Née d’hier seulement, cette école du vice-matière a groupé autour d’elle de nombreux intéressés qui, sous le titre de naturalistes, cherchent à cacher ou à satisfaire leurs passions ; il est temps d’agir énergiquement et de prouver par une condamnation sévère, mais nécessaire, à tous ces révoltés des devoirs sociaux, à tous ces célébrateurs de la matière indépendante et jouisseuse, que la loi est naturelle et non naturaliste, et qu’elle frappera impitoyable-