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toutes les passions humaines ; de mauvaises qu’elles sont, il les fait pires, sous le prétexte de se rapprocher de la nature et de les peindre avec plus de vérité…, et vous exigeriez que le jeune homme, héritier maudit de tant d’ascendants tarés, élevé dans un milieu pareil, ne fût pas un esclave de ses passions. On lui a appris « qu’il faut tout accepter, tout employer au bonheur, tout savoir et tout prévoir, réduire la nature à n’être qu’une servante, vivre dans la tranquillité de l’intelligence satisfaite. En attendant, le travail voulu et réglé suffit à la santé de tous… La querelle de l’au delà n’empêche pas de dormir. Peut-être la souffrance sera-t-elle utilisée un jour ! Et, en face du labeur énorme, devant cette somme des vivants, des méchants et des bons, admirables quand même de courage et de besogne, on ne voit plus qu’une humanité fraternelle… L’amour, comme le soleil, baigne la terre » (Docteur Pascal), et vous voudriez que cet étudiant, passionné et ardent, qui se croit matière, refuse à cette matière ce qu’elle demande : plaisir et jouissance ? On lui a enseigné que le travail était une dette de la vie, mais que jouir de la vie en était la récompense, et vous lui imposeriez, ayant travaillé, de renoncer à sa récompense !… Si vous exigez de l’homme des vertus, en le punissant de ses vices, donnez au moins une âme à sa matière. Le droit de mort que vous vous