Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/41

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qu’on lui envoie gracieusement. On voit qu’il a un goût particulier pour la presse dite à informations. Des faits et non des phrases ! Des documents ! Voilà ce dont sa tournure d’esprit le rend avide. Quant à la correspondance, c’est un envahissement depuis quelques années. Il se voit fréquemment obligé de ne pas répondre, vaincu par l’entassement.

» Le courrier dépouillé, il est quatre heures. Si le temps est beau, et quand il n’y a pas d’épreuves pressantes à corriger, on prend Nana, une barque peinte en vert, et l’on se rend dans l’île en face, où Zola a fait construire un chalet. Là on lit, on cause, on se promène, on s’étend sur l’herbe à l’ombre des grands arbres, on fait son Robinson, et l’on ne revient sur la terre ferme que pour dîner, parfois après une longue promenade en canot. Le dîner a lieu à sept heures et demie. La nappe enlevée, après une causerie accompagnée d’une tasse de thé, quelquefois après une partie de billard, ce parfait bourgeois monte se coucher, vers dix heures. Toutes les lampes s’éteignent, sauf la sienne. Jusqu’à une heure avancée de la nuit, il lit. De temps à autre, pendant cette lecture, au milieu de la large paix environnante, les trains de nuit passent sous la fenêtre, prolongeant leur vacarme dans le grand silence de la campagne. Il s’interrompt, écoute, reste un moment rêveur, puis reprend son livre.