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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/56

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tiques et moi je vendrai ses romans sur le quai et je les empaqueterai ; seulement, lui, parti de la misère, finit en rentier, et moi je finis comme il a commencé, en paqueteur. Il a la meilleure part, je lui souhaite de la garder avec soin et avec dignité, en surveillant davantage son genre littéraire et en faisant moins de mal et plus de bien.

Je ne peux, ni ne veux suivre É. Zola dans ses nombreuses pérégrinations à travers Paris ; il a fait, en quatre ans, les deux rives de la Seine, habitant d’un côté, le plus souvent, les environs du Panthéon, et de l’autre, les hauteurs de Batignolles ; il a, selon les hasards de sa fortune, pendu sa plume voyageuse à tous les étages, mais de préférence au premier, au temps de la prospérité, et au dernier, le jour des misères noires. Plus d’une fois, s’il s’en souvient, mais où sont les neiges d’antan ? un hiver, en ce temps de neige où les misères de vingt ans s’accouplent, un amour, plus généreux que riche, voisin de la montagne Sainte-Geneviève, le réchauffa sous son aile grelottante et partagea avec lui son insuffisante becquée. La mémoire du riche est toujours plus courte que celle du pauvre ; pourquoi ?

De 1863 à 1865, Zola devint chez Hachette, de simple paqueteur, chef de la publicité aux appointements de 2.400 francs ; ce n’était pas l’aisance, mais ce n’était plus la gêne. Cet emploi, presque indépendant, le mit