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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/57

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journellement en rapport avec la presse et lui permit, non seulement d’en étudier le fonctionnement commercial, mais de s’y créer des relations utiles et de s’y ménager des débouchés avantageux.

Cette initiation au journalisme, où il conquit, sans difficulté, grâce à son emploi, ses entrées libres, constitue plus de la moitié du succès, en littérature, quand on est habile ; or, cette qualité n’a jamais manqué à Zola, que je sache ; il a su, au contraire, élever l’exploitation de ses œuvres jusqu’à la hauteur d’un génie financier. Personne, mieux que lui, ne saurait tirer parti de la publicité et lui imposer son éloge ou lui inspirer sa critique ; loin de redouter le bruit, il ne craint que le silence, n’ignorant pas que le succès est fait de tapage et que la fausse gloire vient du scandale. Critique acerbe et violent, il frappe d’estoc et de taille, criant haut, cognant brutalement, n’ayant qu’un but, allumer le zèle des amis tièdes et provoquer jusqu’à la rage la colère de ses adversaires injustement critiqués ; il fait bois et flèche de tout, sachant, qu’au bout d’un éloge arraché à l’indiftércnce, on vend dix exemplaires d’un ouvrage et qu’au bout d’une critique scandaleuse, on en vendra cent. Son succès est donc fait d’habileté et de scandale : « Qu’importe d’ailleurs le succès ? écrit-il dans la préface des Héritiers de Rabourdin. Jamais moins qu’aujourd’hui le succès n’a