Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

âprement les fauteuils, de même qu’on se dispute les croix, par ce besoin de vanité qui est en nous. Mais l’Académie ne fait plus loi, elle perd même toute autorité sur la langue. Les prix littéraires qu’elle distribue ne comptent pas pour le public ; ils vont le plus ordinairement à des médiocrités, ils n’ont aucun sens, n’indiquent et n’encouragent aucun mouvement. L’insurrection romantique s’est produite malgré l’Académie, qui plus tard a dû l’accepter ; aujourd’hui le même fait est en train de se produire pour l’évolution naturaliste : de sorte que l’Académie apparaît comme un obstacle mis sur la voie de notre littérature, que chaque génération nouvelle doit écarter à coups de pieds ; après quoi l’Académie se résigne. Non seulement elle n’aide à rien, mais elle entrave, et elle est assez vaine et assez faible pour ouvrir les bras à ceux qu’elle a d’abord voulu dévorer. Une institution pareille ne saurait donc compter dans le mouvement littéraire d’un peuple ; elle n’a ni signification, ni action, ni résultat quelconque. »

Quelle conclusion tirer de cette fière et impertinente profession de foi…, sinon celle qu’en tire actuellement Zola lui-même, en se constituant le candidat perpétuel à tous les fauteuils vacants de cette Académie vaine et faible qui, en se résignant aux coups de pieds qu’on lui prodigue, ouvre ses bras à ceux qu’elle a voulu dévorer ; il semble lui