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Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/81

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courage et notre dignité, à nous écrivains, qui avons besoin d’être libres pour tout dire ; l’argent fait de nous les chefs intellectuels du siècle, la seule aristocratie possible. »

Ce démenti donné à son passé par les faits actuels, moins son âpreté au gain, qui est toujours la même, méritait d’être signalé ; il indique une versatilité de procédés qui explique d’après ses intérêts la variabilité, souvent contradictoire, de ses actes et de ses écrits. Le public l’a tellement habitué à couvrir des largesses du succès ses palinodies littéraires qu’il est convaincu que lui seul s’en souvient, ou qu’en tout cas, il est amnistié par son génie. J’insiste sur cette fatuité orgueilleuse de Zola, car là seulement est l’explication de son prétendu système d’expérimentation, sa naïve ignorance et son imposante nullité de sthète et de psychologue. En le voyant pontifier avec tant de majesté rogue et froide, au milieu de ses évolutions naturalistes, hérissées de mots scientifiques étonnés eux-mêmes d’exprimer le sens qu’il leur impose, je songe involontairement à ces prêtres sauvages, moitié sorciers et moitié médecins, qui, couverts d’oripeaux étranges, effrayent d’autant plus et inspirent davantage de respect par leurs gestes extravagants et leurs mots bizarres, à des naïfs idolatres, qu’ils sont plus ignorants et plus disposés à accepter ce qu’ils ne comprennent pas. Il ne faut pas se le dissimuler, le plus