Page:Laporte - Émile Zola, 1894.djvu/82

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net de sa science expérimentale tient à notre ignorance et à notre engouement : il n’est naturaliste que parce que nous lui laissons très naturellement exploiter nos appétits matériels ; soyons moins bêtes, on m’excusera cette expression pour la part que j’en prends, et il sera plus spirituel, ou plus idéaliste, ce qui littérairement revient au même. Qu’est-ce que le réalisme ? — Moi, répond la Baigneuse de Courbet. — Nous peut-être, disent Diderot, Stendhal et Balzac, s’il faut en croire des gens qui se nomment naturalistes. — Nous, nous, clament Madame Bovary, Fanny, les Bourgeois de Molinchart, Chien-Caillou… Je ne conteste pas vos droits au réalisme, mais cela ne me dit pas ce qu’il est. Champfleury qui, sous ce titre, a réuni trois cents pages, me l’apprendra peut-être. Malheureusement, après m’avoir condamné à le subir dans deux cent soixante-dix pages qui traitent de tout, excepté de cet enfant terrible, le fils naturel, disent quelques uns du romantisme, et sa queue, prétendent d’autres moins respectueux, il me fait confidence, dans trente pages, les dernières, qu’il n’est pas bien sûr d’avoir jamais prononcé le mot de réalisme : « peut-être lui a-t-il échappé un jour, mais c’était dans l’emportement de la lutte ; il était abasourdi par les cris de la critique ; il ne savait plus ce qu’il faisait, ce qu’il disait. Ce mot est un grelot qu’on attache