Te voilà de son temple exilé pour jamais,
Sans avoir vu sa pompe.
Du royaume interdit, où tous auront vécu,
Tu sors sans le connaître ;
Gardant une blessure, ô douloureux vaincu !…
Et des remords peut-être !
Mais, royaume ou prison, ton cœur s’en est banni ;
Voici les froides heures.
Hélas ! ce mal de moins laisse un vide infini,
Et déjà tu le pleures.
Rien au fond de ton âme et rien autour de toi !
La nuit, la nuit commence ;
La nuit d’hiver, dont l’homme aborde avec effroi
La solitude immense.
Ici, l’horrible mort moissonna sans pitié
Dans le champ de ta race ;
Là, tu lis, sur les fronts, que la sainte amitié
Fuit sans laisser de trace.
Va, pleure et ne crains pas ! Ta voix au loin se perd :
Car l’oubli t’environne.
Tes sanglots, éclatant sur ton chevet désert,
N’éveilleront personne.
Pleure ! nul front craintif, endormi près du tien,
N’est mouillé de tes larmes.
Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/75
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.