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LE LIVRE D’UN PÈRE.


Avec ses fraîches odeurs,
       Ses splendeurs,
Ses concerts, sa vive haleine,
Le printemps, — qui m’enivrait, —
       Reparaît
Et moi je le sens à peine !

Car je souffre et je suis las ;
       J’entre, hélas !
Dans la vieillesse inféconde.
Par le temps et les soucis,
       Obscurcis,
Mes yeux se ferment au monde.

Mais, si je regarde en moi,
       J’y revois
Verdoyer la Poésie,
Sans plus emprunter aux fleurs
       Des couleurs,
Des tableaux de fantaisie.

J’y cueille, au fort des hivers,
       Pour mes vers,
Mieux que les roses vermeilles,
Plus douces que les oiseaux
       Et les eaux,
Des voix flattent mes oreilles.

J’ai dans mon cœur, riche encor,
       Un trésor ;
J’ai ma tendresse infinie ;