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CHANT CINQUIÈME


L’INVASION



Salut aux fiers sapins, hôtes des lieux rebelles,
Des incultes hauteurs superbes sentinelles,
Seuls vivants, seuls debout sur ces rochers hardis,
Derniers jardins du rêve au labour interdits !
Salut ! rocs abrités des tempêtes civiles,
Où n’atteint pas le flot des multitudes viles,
Où dorment les proscrits des peuples et des rois,
Et d’où la liberté s’élança tant de fois !

Là, rangés en conseil, comme leurs aïeux celtes,
Autour des troncs sacrés, non moins forts, non moins sveltes,
Nos conscrits entouraient, dans l’ombre et sous le vent,
Leur vieux docteur pareil au druide savant.
De son grand cœur, troublé de sentiments contraires,