Un maître ici se cache, et si ce n’est pas toi,
O voix de ces beaux lieux ! quel est donc notre roi ?
« Réglant l’être et la vie en un accord suprême,
Le roi de cet empire asservit les dieux même ;
Par lui, le fier lion rugit dans les forêts,
Et les monstres des mers bondissent sous ses traits.
Nous, tour à tour chantant, voix joyeuses ou graves
Venant de lui vers toi, nous sommes ses esclaves. »
« J’ai gardé du sommeil un rêve, un rêve aimé,
Éclos à la même heure où mon cœur fut formé :
Une voix qui semblait descendre des collines
M’appelait, m’invitait à des noces divines.
Les vierges me paraient pour un hymen certain.
Vers l’époux inconnu, roi d’un pays lointain,
Entraînée, et cédant à d’invisibles charmes,
J’allais avec amour, mais non sans quelques larmes.
Le réveil, ces beaux lieux, ce jour qui luit sur moi,
De mes désirs craintifs ont redoublé l’émoi. »
« Espère ! À son vrai but, comme la source vive
À l’éternelle mer, toute espérance arrive.
Chaque rêve et chaque ombre ont leur réalité.
Viens ! par le jeune époux ce monde est habité ;
C’est lui qui nous envoie, abrégeant ton attente,
Au seuil de son palais saluer son amante. »