« Voici l’heure d’hymen ! Nous précédons l’époux ;
Il éteint les flambeaux de son bonheur jaloux.
Revêtant ses plaisirs de calme et de mystère,
Il attend pour aimer l’heure où s’endort la terre.
Les petits des oiseaux, l’un sur l’autre serrés,
Et l’abeille en sa ruche, et la cigale aux prés,
Et les nappes d’azur que nuls souffles ne plissent,
Et le vent dans sa grotte, et les bois s’assoupissent.
Sur les insectes d’or les lis sont déjà clos,
Et le dernier rayon est rentré sous les flots,
Sans que bruits ou lueurs troublent sa paix suprême,
La sainte volupté peut jouir d’elle-même.
Que l’ombre sur ton front pleuve sans t’alarmer ;
Viens, l’inconnu t’attend, viens, c’est l’heure d’aimer ! »
Devant elle glissant comme un zéphyr paisible,
Le chœur, chaînant toujours et toujours invisible,
Sur sa trace écartait doucement les rameaux ;
Et Psyché, telle on voit sur l’écume des eaux,
Derrière un grand navire une fleur qui surnage,
Suivait à son insu l’harmonieux sillage.
Et le flot la porta vers le palais heureux ;
Par la vertu des chants, il s’ouvrit devant eux.
Or, sous les toits déserts les mêmes voix mystiques
La conduisaient encore à travers les portiques ;
Elle y semblait voguer sur des courants secrets ;
Tel, sur le lac tombé, le rameau des forêts,
Par des eaux qu’on dirait immobiles, sereines,
Est poussé jusqu’au fond des grottes souterraines.