La vierge ainsi s’avance, effleurant les tapis,
Entre les murs jaspés de marbre et de lapis,
Où de mille flambeaux, sous l’azur des arcades,
L’or étincelle au front des blanches colonnades.
Et l’invisible guide a déposé Psyché
Sur le lit nuptial dans la pourpre caché.
La voix expire alors, le palais devient sombre :
L’enfant s’étonne et tremble, et pleure au sein de l’ombre ;
Rien ne la distrait plus du trouble intérieur.
Son innocence ajoute encore à sa frayeur.
Une autre voix bientôt monta dans ce silence,
Un chant si doux, si plein de grâce et de puissance,
Qu’auprès de sa musique, ornement de la nuit,
Les premières chansons n’étaient rien qu’un vain bruit.
C’est l’invisible roi du vallon de délices,
Il vient de l’âme en fleur posséder les prémices ;
C’est l’archer qui répand ses flèches en tout lieu,
C’est l’époux, c’est Êros, c’est vous, ô jeune Dieu !
Ne crains pas, ô Psyché ! Dans cette nuit propice,
Souffre en toi que l’espoir avec l’amour se glisse.
Voici, voici l’époux : son visage est voilé,
Mais son cœur à tes yeux s’est déjà révélé,
Et tu peux, à travers l’ombre qui l’environne,
Juger par ses trésors celui qui te les donne.
Vois cette heureuse terre ! Est-ce un dieu sans amour
Qui, pour don nuptial, t’offrit ce doux séjour ?
Toute chose est à toi dans ce fécond royaume :
Le chêne t’y doit l’ombre, et la rose le baume ;
Le vent, l’onde et l’oiseau, tous bruits mélodieux,
Sont nés pour ton oreille, et le ciel pour tes yeux ;
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