Aller au contenu

Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sans risquer de confondre, en cueillant quelqu’ivraie,
La beauté décevante avec la beauté vraie.

Il va ; les noirs esprits, l’éprouvant de leurs coups,
Cachés sous mille aspects, rôdent comme des loups.

« Chevalier, vois mes fleurs, » murmure ici la branche.
« Vois mon duvet soyeux, » lui dit l’hermine blanche.
« Cueille mes raisins mûrs, » ajoute un cep grimpant.

— « Je flaire le poison et je vois le serpent. »

« Guerrier, sous ce beau frêne, après ta rude course,
Vois ma fraîcheur, et bois de mes eaux, » dit la source.
« Chevalier, » dit le lac qu’il côtoie en chemin,
« Descends, je te convie aux délices du bain. »

— « Mon sang et ma sueur, c’est mon bain sous l’armure. »