Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/203

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Lui, que l’esprit d’amour sur notre terre amène,
Le Verbe ! dans sa chair sent frémir l’âme humaine ;
Et, troublé d’un émoi qu’il n’a pas déguisé :
— « En quel endroit, dit-il, l’avez-vous déposé ? »

Et ceux-ci, lui montrant le monument suprême,
Répondirent : « Venez, Maître, et voyez vous-même. »
Et, prenant le chemin de ce funèbre lieu,
Jésus pleura.

Merci de ces pleurs, ô mon Dieu !
Qu’au nom de l’amitié soit à jamais bénie
Cette larme tombant de la source infinie !
Merci des pleurs versés pour un ami perdu
Par celui dont l’amour au monde entier est dû !
Merci de ce torrent de l’onde universelle
Qui, tout pour un seul homme, en ce moment, ruisselle !
Non, jamais de vos flancs, Seigneur, ou de vos yeux
N’a coulé sur la croix un flot plus précieux !

C’est l’arrêt des cœurs froids, scrupuleux ou stoïques,
Qui n’osent s’épancher sur de chères reliques ;
De ceux qui devant Dieu font à l’amour un tort
Des cris du désespoir auprès d’un lit de mort.
Seigneur, vous qui savez où vont tous ceux qui meurent,