Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous avez consacré pourtant ceux qui les pleurent ;
Vous permettez au cœur d’avoir ses chers élus,
Et de tout oublier, alors qu’ils ne sont plus.
Merci, Jésus, merci de l’éternel baptême
A l’amitié donné par les yeux de Dieu même !
0 vous, sur les tombeaux, qui vous tordez les mains,
Veuve aux cheveux épars courant par les chemins,
Seconde âme du mort qui demande à le suivre ;
Mères qui blasphémez et ne voulez plus vivre !
Vous, cœurs toujours brûlants et jamais résignés
Qui déchirez encor la place où vous saignez,
Qui reprochez à Dieu, sans pardon et sans trêve,
Ou l’amante ou l’ami que la mort vous enlève…
Non ! tous vos désespoirs n’offensent pas les cieux ;
Jésus compte, là-haut, tous ces pleurs précieux.

Oui, foulez sous vos pieds la parole inféconde
Qui veut vous consoler d’un seul par tout le monde !
Devant le corps glacé de l’enfant que tu perds,
Mère, il t’est bien permis d’oublier l’univers ;
De ton cœur pour ce fils tu peux bien être avare ;
Vois ! l’Homme-Dieu lui-même a pleuré sur Lazare !

Il pleurait ! et, pourtant, il tenait le flambeau
Qui rallume la vie au profond du tombeau ;