Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/205

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Il pleurait ! devant tous et devant Dieu, sans honte,
Il donnait ses grands pleurs dont au monde il doit compte !

Or, tandis qu’une foule à l’entour se formait,
Les Juifs disaient entre eux : — « Voyez comme il l’aimait ! »

Et quelques-uns, témoins de son dernier prodige,’
Ajoutaient : — « Si la mort de cet homme l’afflige,
Lui qui commande aux yeux aveugles de s’ouvrir,
Ne pouvait-il donc pas l’empêcher de mourir ? »

Mais le Christ, frémissant d’un grand frisson interne,
Marcha vers le tombeau. C’était une caverne
Dont un bloc de rocher fermait le large seuil.
Et Jésus dit : — « Levez la pierre du cercueil ! »

S’approchant, Marthe alors, d’un son de voix qui navre :
— « Seigneur ! il a l’aspect et l’odeur d’un cadavre,
Car depuis quatre jours il est enseveli. »

Mais Jésus : « Tenez-vous ma promesse en oubli ?
Celui qui ne croit point passera comme l’herbe ;
Mais celui qui recueille et qui garde le Verbe
Traversera la mort sans mourir ; il vivra
Dans la gloire du Père, et la possédera.