Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/219

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Sur ce peuple déchu que l’étranger surmonte,
Et qui va de son joug connaître encor la honte.

« Sion, pourquoi l’orgueil a-t-il fermé tes yeux ?
« Aujourd’hui même encor, la foi de tes aïeux
« T’aurait dit d’où provient la seule paix durable ;
« Mais la nuit t’environne, ô cité déplorable !
« Tes ennemis, déjà, marchent de toutes parts,
« De fossés et de murs ils cernent tes remparts ;
« Ils ne laisseront pas à tes tours une pierre ;
« Tes dômes, tes palais tomberont en poussière,
« Et toi-même, et tes fils… pour ton lâche abandon
« Du véritable esprit dont Dieu t’avait fait don ! »

C’est ainsi qu’oubliant la croix qui le menace,
Il donnait tous ses pleurs à sa ville, à sa race.
Il sait bien que ces murs lui gardent des bourreaux ;
Qu’un peuple déicide a mérité ses maux,
Et que, sur les débris de la cité rebelle,
Le Christ doit se bâtir une Sion plus belle
Où ses enseignements seront tous obéis…
Il a pleuré pourtant son peuple et son pays !

Nouvel Adam en qui l’humanité se fonde,
Lui seul a droit au nom de citoyen du monde ;