Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/32

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Tout mon être est en soi trouble et tristesse amère ;
Je marche sans espoir et sans force, ô Seigneur !
Mais j’ai reçu de vous bien plus que le bonheur ;
Vous m’avez donné tout en me donnant ma Mère.

Si j’eus, dans l’erreur même, un culte ardent du bien,
Dès que je l’entrevois si le vrai beau m’enflamme,
Poëte, tout mon feu s’est allumé du sien :
L’éclat est sur mon front, le brasier dans son âme.

L’humble paix des vertus et des devoirs obscurs
A gardé votre cœur ignorant de lui-même ;
Ange vu dé nous seuls, ce foyer et ces murs
Sont à jamais restés votre horizon suprême.

Vos jours pleins de travail, austères, soucieux,
Hors l’amour de nous trois, n’ont jamais vu de fête ;
Mais vous aurez aussi, ma mère, je le veux,
Du soleil et des fleurs autour de votre tête !

Sur ce lit de douleurs où, le cœur résigné,
Vous souffrez vaillamment pour que Dieu nous pardonne.
Avant le prix céleste au martyre assigné,
Mère, je veux aussi vous mettre une couronne.