Voici ma poésie : elle sème, en pleurant,
Ses fleurs sur votre front ceint du bandeau d’épines ;
Il ne m’appartient pas ce don que je vous rends :
Éclose en moi, la fleur a chez vous ses racines.
Mais l’instant du soleil pour vous-même est venu ;
Il faut qu’à votre nom j’attache une auréole.
Dieu voudra que ton feu, dans l’ombre contenu,
Grande âme de ma mère, éclate en ma parole !
Peut-être, à mon foyer, de ce culte immortel
Je devais le secret qu’à ces rimes je livre ;
Sans doute, pour le nom que j’inscris sur ce livre,
Mon cœur silencieux est un plus digne autel.
J’ai tort de le graver sur quelques feuilles vaines
Qui vont tourbillonner dans l’ouragan humain,
Et que le vent d’oubli doit emporter demain ;
C’est jeter dans les flots le pur sang de mes veines.
C’est que votre pensée est en moi comme un feu ;
Je ne puis enchaîner cette âme de ma vie ;
Elle déborde en moi lorsque je chante ou prie,
Et votre nom s’échappe avec celui de Dieu.
Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/33
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