Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/54

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Son front proéminent et ridé de créneaux,
A l’heure où l’Occident, l’inondant de lumière,
Revêt de pourpre et d’or ses épaules de pierre,
Et, sur ses larges pieds, que l’ombre déjà mord,
Du manteau flamboyant soulève un peu le bord ;
Tandis qu’en longs troupeaux défilent devant elle
tes brebis et les boucs que l’abreuvoir appelle,
Poudreux, baissant la tête et l’œil demi-fermé,
Si las du poids de l’air sous ce ciel enflammé,
Que, malgré l’eau plus proche et leur soif plus brûlante,
Le pasteur doit encor presser leur marche lente.

Dans la paix de f orgueil qui ne craint que l’ennui,
Dénombrant tout un peuple à genoux devant lui,
Tel Hérode régnait. Lorsqu’entre et se prosterne
Un messager hâtif, et que la peur gouverne ;
Il tremble, et dit : « Seigneur, des vieillards étrangers,
Des serviteurs nombreux à leur suite rangés,
Partis, comme l’apprend leur langue et leur costume,
Du lointain Orient ou le soleil s’allume,
Viennent en demandant, par la ville en émoi :
Où donc est-il, ô Juifs, l’enfant né votre roi ? »

Il dit. Mais ont paru trois fronts sacrés par l’âge
Et par la majesté du monarque et du sage.