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Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/320

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Enviant le repos des rochers et des chênes
Et laissant là ma tâche et ma vie en oubli ;

Alors tu parleras, voix de la vieille église,
Voix comprise de tous comme un appel humain,
Et tu m’éveilleras, et mon âme indécise,
S’arrachant au désert, prendra le vrai chemin.

Et je n’entendrai plus la Sirène énervante
Qui chante avec le vent, les rameaux, le flot bleu ;
Un plus ferme conseil m’arrêtant sur ma pente,
Je me rapprocherai des hommes et de Dieu.

Car ta voix c’est la voix des hommes agrandie,
Leurs sueurs ont coulé pour fondre ton métal ;
C’est leur esprit qui parle avec ta mélodie ;
Ton front reçut comme eux le baptême natal.

À la cité des cœurs cette voix me convie,
Me dit que je suis homme et dois porter mes fers,
Et me ramène, enfin, au combat de la vie,
Que j’ai tenté de fuir pour la paix des déserts.

Par toi chantent l’appel des travaux, des prières,
St l’écho solennel de la joie et des pleurs ;
En t’écoutant, j’irai demander a mes frères
lia part de leurs destins, surtout de leurs douleurs.


III

Va donc, fille du feu, sur les tombeaux assise !
Donne à chacun sa place en tes hymnes fervents ;
Chante pour ceux à qui la lumière est promise ;
Parle aux vivants des morts comme aux morts des vivants !

Prends ton poste au donjon, sonore sentinelle,
Veille sur ces vallons, veille sur ces sommets ;