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Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/237

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Les parents confient à nos régiments des fils en bonne santé ; nous devons les leur rendre, une fois leurs deux ans terminés, aussi vigoureux qu’à leur arrivée à la caserne. Malheureusement le retour dans la famille au moment de la libération est suivi parfois de tristes surprises imputables le plus souvent à l’absence d’un lieu de réunion susceptible de garantir le soldat, pendant ses sorties en ville, des tentations malsaines auxquelles il est exposé.

En 1904, un officier de réserve, le lieutenant René Thorel, s’était ému de ce péril qui compromet la vitalité de la race ; aussi écrivit-il un livre excellent, Un cercle pour le soldat afin d’occuper ses loisirs, dans lequel il étudia les moyens à employer pour veiller sur la santé de nos soldats pendant leur service militaire, dans l’intérêt même des parents et dans celui de l’armée. Ayant fait, avec une impartialité digne d’éloges, d’une part l’historique détaillé des salles de récréation existant à l’intérieur des casernes, et de l’autre celui des différentes œuvres civiles destinées aux soldats à l’extérieur des casernes (Foyers du soldat de la Ligue de l’enseignement ; salles du drapeau ; jeux du soldat ; Maison du soldat, etc.), il tira de son étude très complète et documentée la conclusion suivante :

"Ce n’est pas tant à la caserne que nous devons agir, c’est en ville, car là est le véritable champ de bataille de la vie journalière où la santé de nos soldats peut recevoir de graves blessures, quelques-unes mortelles ! Les promenades sans but de ces grands enfants ainsi dépaysés dans la capitale laissent souvent, hélas ! dans leur esprit les germes de mauvaises doctrines soufflées à l’oreille à la table du bouge, mais surout des germes de dégénérescence physique, qui en font des malingres pour entrer en campagne, et pour l’avenir d’inutiles agents de repopulation !

"Il est donc urgent de mettre ces jeunes inexpérimentés de la vie à l’abri des tentations de la rue, et ceci